Le budget de la santé a été en moyenne de 8% du budget national sur la période. il reste en général inférieur à celui de la défense en particulier à l’approche d’élections (2015,2016, 2021)  et durant la répression militaire post-électorale dans la région du Pool (2016-2018).

En ce qui concerne les taux d’allocation et d’exécution du budget de la santé, ils se déclinent comme suivant : 

AnnéeBudget de l’Etat% d’allocation MSP% d’exécution
2015271506600000014%31%
201636087290000005%43%
201727293290000005%54%
2018130362900000011%37%
Compte de la santé du MSP

Le calendrier de passage 2022 des dépenses sociales en instance de paiement par le ministère de la Santé et de la Population (MSP) nous permet d’extraire une première liste de 34 entreprises du secteur de la santé. Nous remarquons en premier lieu la participation de la Fondation Génération à Venir d’Edgard Nguesso, qui n’est autre que le neveu du président.

Ensuite, nous retrouvons Pami Partners de Judicaelle Mouandinga Okemba, fille du chef des services secrets Jean-Dominique Okemba, et le réseau UBIPHARM dirigé par Hyacinthe Ingani, député PCT et frère de la ministre Ingani, qui sont également présents.
Sur l’ITEM activité pour la santé humaine et l’action sociale, le fichier national des entreprises du Congo le plus récent du ministère de l’Économie recense 198 entités au trimestre 3 de 2023.

Cet ITEM regroupe aussi bien les cliniques privées, les laboratoires d’analyse que les entrepreneurs du secteur de la santé numérique comme l’ETS SYNWELL de Habib Cyril Nguesso.



Comme le soulignent les comptes de la santé que nous avons examinés, le premier poste de dépenses de santé est les évacuations sanitaires à l’étranger.
Il reste impossible de savoir sur quels critères sont attribuées ces prises en charge d’évacuation à l’étranger.

L’urgence médicale au regard des carences des plateaux techniques locaux ? La parentèle et la clientèle politique ? Un marché noir des places à l’évacuation ?

Pour l’année 2022, parmi les dépenses en instance du MSP, on compte 48 évacuations prises en charge, dont celle de personnalités comme Philippe Mvouo, patron du Conseil supérieur de la liberté de la presse, le défunt ministre Coussoud Mavoungou ou encore Eugène VItal, fils aîné de Maurice Nguesso. 

En compilant les montants des évacuations à partir du mandat opération réceptionné par nature du budget exercice 2019, nous obtenons l’estimation de cent quarante-trois milliards neuf cent quatre-vingt-dix millions quatre cent cinquante-sept mille huit cent vingt-trois FCFA (143 990 457 823).

Cela représente presque la totalité du budget de la santé de l’exercice.

Ce qui constitue une confirmation des propos du rapport Compte de la santé 2016-2018.

Les principaux hôpitaux du pays sont en situation chronique de faillite budgétaire. 

En 2018, selon les chiffres du principal syndicat du secteur, ils cumulent les arriérés de salaire suivants :

NOM DE LA STRUCTURESITUATION
Hôpital de Loandjili de Pointe-Noire7 mois de salaires impayés pour une masse salariale de 200 000 000 FCFA par mois.
Hôpital de Dolisie21 mois d’arriérés de salaire impayés
Hôpital 31 juillet d’Owando10 mois de salaires impayés pour une masse salariale de 3 800 000 FCFA
CHU de Brazzaville5 mois de salaires impayés avec une masse salariale de 898 989 570 FCFA.
CNTS (Centre national de transfusion sanguine)8 mois de salaire impayés avec une masse salariale de 90 000 000 FCFA.

Chiffres 2018 du syndicat santé FENASAS

Pour comparaison, l’appartement de New York de Claudia Sassou d’une valeur de 6 millions d’euros couvrirait à lui tout seul 20 mois de salaire de l’hôpital de Loandjili. En 2020, la COVID-19 est rapidement devenue une nouvelle opportunité d’enrichissement avec des détournements des dons et des marchés de gré à gré non exécutés. 

Les maladies infectieuses et parasitaires comme le paludisme constituent le premier poste des dépenses de santé des Congolais. Pourtant, le programme de gratuité des soins du paludisme pour les femmes et les enfants est à l’arrêt. En 2018, le Congo a perdu le financement du Fonds mondial de lutte contre le VIH/SIDA, la TB et la malaria dans la composante paludisme du fait de sa classification comme pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.

Toutefois, même durant la période d’éligibilité, le programme de gratuité n’atteignait que sporadiquement les populations ciblées. Par exemple, la gratuité des antipaludiques pour femme et enfants n’était pas disponible à Moyoundzi dans la région de la Bouenza.

À chaque livraison, les échantillons finissent chez les vendeurs de rue et deviennent donc payants selon les professionnels interrogés. Dans cette localité, il n’y a eu qu’une seule livraison en 2022 et aucune pour l’année 2024.

Dans la région de la Sangha, la situation est encore plus grave. Le programme de gratuité est quasi inconnu et n’a jamais été effectif dans les structures de santé.

En 2018, les causes de décès en période postnatale étaient : les infections (27,1 %), le paludisme (24,7 %), les infections respiratoires aiguës « IRA » (23,5 %), la gastro-entérite (11 %), la malnutrition (6 %), les malformations congénitales (1,8 %) et le VIH (1,3 %).

En ce qui concerne la mortalité juvénile, les principales causes étaient : le paludisme (54 %), les IRA (18,2 %), la diarrhée (16,9 %), la malnutrition (6,2 %), la méningite (2 %), le VIH (0,7 %) et les autres causes (2 %).  Pourtant, comme la compilation le montre, la quasi-totalité du budget de l’année 2019 par exemple a été consacrée aux évacuations sanitaires des personnalités et de leurs familles sur des critères inconnus.

Ne pas combattre le paludisme qui est la première cause de mortalité des jeunes enfants est plus qu’une négligence, c’est du domaine du crime.

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