LETTRE OUVERTE AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AUX MEMBRES DU PARTI COMMUNISTE CHINOIS RÉFUTATION DE LA DETTE ODIEUSE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO VIS-À-VIS DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE
Le Congo Brazzaville, par la cupidité de ses dirigeants, est tombé dans le piège d’une ‘’dette odieuse’’ contractée auprès de la République Populaire de Chine et se retrouve aujourd’hui dans l’incapacité d’honorer ses engagements à l’endroit des partenaires internationaux, mais surtout envers le Peuple congolais. A cela, il faut mentionner le caractère hautement criminel et kleptocratique du régime de Brazzaville, totalement gangrené par la corruption, et dont l’incompétence en matière de gestion étatique a toujours été incontestable.

Au lendemain des indépendances, dans un contexte de guerre froide Est / Ouest, le Congo Brazzaville, sous les leaderships des présidents Alphonse Massamba Débat et Marien Ngouabi avait scellé un partenariat privilégié avec la Chine qui nous avait permis de nous doter d’un secteur productif significatif dans l’agro-alimentaire, le textile, les transports fluviaux etc. La Chine avait alors gagné le respect et l’amitié des Congolais.
Depuis lors, le monde est devenu un village planétaire, la Chine, la grande puissance économique que l’on sait et le Congo, sous la direction de Denis Sassou Nguesso, a sombré dans les pires travers de la kleptocratie ; sans que la Chine, jusqu’à ces derniers jours ne retire au partenariat Chine/Congo le bénéfice du statut de ‘’pays pilote’ qui nous a plongé dans la pire des banqueroutes, plombée par une ‘’dette insoutenable’’.
Cette ‘’dette insoutenable’’ ne pourra être honorée sans attenter gravement à la capacité de notre pays à assurer ses obligations en matière de droits humains fondamentaux ; comme ceux relevant du domaine de l’éducation, de l’approvisionnement en eau potable et en électricité, des soins de santé, de la fourniture de logements décents, ou dans la réalisation d’infrastructures publiques et de programmes nécessaires au développement économique et social. La Chine de Deng Xiaoping, le père de la Chine moderne, prendra-telle cette responsabilité politique et historique ?
En 2016, à la suite du changement illégal de la Constitution du 20 janvier 2002, en octobre 2015 et de l’élection anticipée truquée du 20 mars 2016, le Général Denis Sassou NGUESSO, dont le mode opératoire consiste depuis plus de 40 ans, à utiliser la force pour s’imposer aux Congolais, s’est progressivement retrouvé isolé sur la scène internationale. Son coup d’Etat électoral a entraîné une profonde indignation des puissances démocratiques et des sociétés civiles congolaise et africaine.
Pour briser cet isolement, le Général Denis Sassou Nguesso va décider de mettre fin au peu d’autonomie que gardait la politique étrangère congolaise, vis-à-vis de la République Populaire de Chine, en s’exprimant sur les ondes de CCTV à la veille de l’arbitrage du cas N°2013-19 entre la République des Philippines et la République Populaire de Chine en déclarant que :
“La République du Congo soutient aussi la position de la Chine sur la mer de Chine méridionale, et se coordonnera étroitement avec la Chine sur les affaires internationales.” – Rencontre entre Le président Xi Jinping et Denis Sassou Nguesso
DE FACTO LE CONGO DEVIENT LA PREMIÈRE COLONIE CHINOISE D’AFRIQUE.
Cette conduite irresponsable de la diplomatie congolaise dans un espace aussi sensible que le conflit de la Mer de Chine méridionale est de nature à aggraver les tensions militaires en Asie du Sud-Est et à nuire profondément à la paix.
Dans la suite de cet alignement, le Congo est allé jusqu’à contredire la décision des Nations Unies en faveur des Philippines en reconnaissant la souveraineté de la Chine sur cette mer et en encourageant les pays Africains à suivre cette démarche, fragilisant ainsi le système impartial et équitable de résolution de conflits imaginé pour ce différend par les Nations Unies.
De retour au pouvoir en 1997 à la faveur d’un coup d’Etat sanglant qui fit près de 400.000 victimes, et nécessita l’invasion de la République du Congo par l’armée angolaise, le Général Sassou Nguesso a renoué avec des acteurs économiques véreux, originaires de la République Populaire de Chine entre autres, comme durant son premier passage au pouvoir.
Des entreprises chinoises indélicates se sont, durant plus de 20 ans, taillées la part du lion au mépris de l’environnement et des intérêts des peuples chinois et congolais. C’est dans ce contexte qu’un négociant chinois de Hong Kong, Patrick Shu Fai To, sera nommé consul honoraire du Congo à Hong Kong. Il va ouvrir le chemin à une intensification du trafic du bois illégal, vers la République Populaire de Chine et introduire les dignitaires du régime congolais aux places financières asiatiques. Cette action a favorisé l’implantation au Congo du 88 queensway group, un consortium d’investisseurs chinois corrompus.
L’irresponsabilité du Général Sassou Nguesso l’a conduit encore une fois, à conclure d’improbables accords financiers avec le Gouvernement chinois.
Aujourd’hui, la dette chinoise du Congo Brazzaville s’élève à plus de 80% de son PIB et n’a servi qu’à satisfaire les caprices d’une famille irresponsable, toujours plus insatiable, et à maintenir par le meurtre de masse un régime incapable d’apporter l’harmonie, le développement et la prospérité à la population congolaise.
C’est dans ce contexte que le pouvoir de Brazzaville, qui peine à conclure le moindre accord avec le Fonds Monétaire International cherche une fois encore, un soutien salvateur auprès de la République Populaire de Chine.
Cette ‘’dette insoutenable’’ est ‘’odieuse’’ et Nous, Congolais, la réfutons car elle a été contractée illégalement, durant près de deux décennies par des corrompus notoires, et les projets inappropriés qu’elle a financés portent les caractéristiques suivantes :“Perdant-Perdant” pour le Peuple congolais qui sombre dans une misère insoutenable et le Peuple chinois dont l’image au Congo se dégrade continuellement et porte ainsi la responsabilité de cette misère avec la sombre étiquette du néo-colonisateur.“Gagnant-gagnant” pour les corrompus/corrupteurs chinois et la famille du dictateur Congolais, Denis Sassou Nguesso qui usent d’une partie de ces prêts pour s’offrir le faste outrancier de la vie de monarque.Improductif et teinté de pots de vin car les infrastructures et projets planifiés (douze résidences présidentielles, un nouveau Parlement, des infrastructures sportives inutiles aujourd’hui à l’abandon, un Centre de conférences internationales etc…) par le pouvoir de Brazzaville, accompagnés et soutenus par le Gouvernement chinois sont totalement inappropriés et déconnectés de la réalité sociale locale et des besoins réels du Peuple congolais (santé, emplois, éducation, formation, entreprenariat, écologie, bien-être…).Destructeur pour l’environnement avec le rejet dans la nature de produits toxiques qui contaminent les cours d’eau et les terres cultivables des villageois (Agil congo).
Cette dette chinoise favorise la surexploitation illégale et criminelle sur le plan environnemental des essences forestières, entraînant la destruction du poumon écologique du Bassin du Congo et de nombreux dérèglements environnementaux locaux (Deija Group) ou même, très sûrement, planétaires. Les entreprises chinoises ne sont pas contraintes au respect des règles des organisations internationales environnementales en matières de préservation de la biodiversité et sont protégées par les autorités congolaises qui en tirent profit au travers d’entreprises fictives et de comptes cachés basés en Chine (Brilliant Ventures Asia Limited). Cette dette est à l’origine de l’expropriation illégale des propriétaires fonciers en vue de l’installation d’une Zone Économique Spéciale (ZES) au contenu opaque (société Coidic).
La dette vis-à-vis de la Chine a intensifié la corruption. Les nombreux rapports et enquêtes publiés ces dernières années par les organisations internationales ont permis de dévoiler de vastes trafics de détournements de deniers publics, des aides de la Communauté internationale et d’exportations illégales de ressources naturelles, tous orchestrés par les autorités congolaises pour le compte de la famille Sassou et très souvent en direction de la République Populaire de Chine.
Tous ces éléments sont la conséquence directe de la totale opacité d’une ‘’dette odieuse’’ que le Congo, en tant qu’Etat, dans l’intérêt de son peuple, première victime de ces accords occultes, n’est plus en mesure de rembourser.
La surexposition du Congo à la dette chinoise, 7 milliards $US, doit se comprendre comme un abandon par les dignitaires du régime des places financières offshores occidentales jugées trop exigeantes et contraignantes en matières de transparence, mais aussi un renoncement pur et simple de toute responsabilité vis à vis d’un peuple qu’ils terrorisent.
La frilosité des places financières occidentales à l’encontre des régimes mafieux, comme celui du Congo Brazzaville, est la conséquence de leur penchant très marqué pour le partenariat chinois dont les règles en matière de transparence favorisent la très grande corruption internationale au détriment des peuples frères chinois et congolais.
Le Peuple congolais ne peut continuellement accepter de servir de marchepied aux intérêts impérialistes des uns et totalitaristes des autres.
Le Gouvernement chinois doit prendre la mesure de sa responsabilité dans le gâchis de sa coopération avec les autorités corrompues du Congo Brazzaville et du ressentiment croissant des populations africaines à l’égard de sa diaspora établie en Afrique ; et que seule, une coopération véritablement juste, équitable, et fraternelle permettra la pérennisation de relations pacifiques avec les Africains et tout particulièrement avec la population congolaise.
La société civile et la classe politique responsable de la République du Congo, opposées à toutes politiques inconscientes, criminelles et irresponsables à l’encontre du Peuple congolais, au travers de cette lettre ouverte, rappellent que les exigences de transparence et de lutte contre la corruption, dont le Gouvernement chinois s’est fait l’ambassadeur sous le mandat de Xi Jinping, ne peuvent se limiter aux simples frontières physiques de la Chine et verser dans la complaisance vis-à-vis des systèmes kleptocratiques africains comme celui du Congo Brazzaville.
Nous saluons l’ouverture dont a su faire preuve le Gouvernement chinois dans les négociations avec le FMI, dans le cadre de la résolution du problème de la dette de la République du Congo, mais, pensons sincèrement et amicalement que le Gouvernement chinois doit s’aligner sur les véritables aspirations du Peuple congolais.
Nos exigences pour sortir par le haut de cette spirale immorale et destructrice sont :La transparence absolue, sans délai et le gel de tous les avoirs des dignitaires congolais basés en ChineLa poursuite de toutes les entreprises de droit chinois impliquées dans des affaires de corruption en République du Congo et l’annulation des dettes afférentes.La transparence vis-à-vis des instances représentatives du FMI et de la société civile congolaise de tous les accords, contrats et autres conventions établis en partenariat avec les autorités congolaises.L’annulation de tous les contrats en cours, ou à venir, teintés de corruption conclus par le pouvoir de Brazzaville en toute illégitimité au nom du Peuple congolais.La suspension sans délai de la coopération militaire et policière avec le Gouvernement congolais dirigé par des personnes suspectées de crimes contre l’humanitéLe soutien sans équivoque à la libération des prisonniers politiques et l’ouverture d’une transition pacifique.
Fait à Paris le 28 avril 2019,
Pour le peuple congolais
La coordination du collectif Sassoufit