Notes de l’Ifri, juin 2018 – François GAULME

Cette note vise à mettre en lumière le cycle d’ajustement à la fois financier, économique et politique affectant deux pétro-États d’Afrique centrale, le Gabon et la République du Congo (Congo-Brazzaville).
Unis par leur système économique de rente et leur histoire coloniale commune, ces deux pays n’en ont pas moins connu des destins politiques différents après leur indépendance, le premier conservant une relation privilégiée avec la France tandis que le second optait rapidement pour le marxisme. Dans les années 1980-1990, ils ont été soumis l’un et l’autre à un ajustement structurel, économique et financier d’abord, puis politique lors de la chute de l’URSS et du démantèlement des systèmes de partis uniques en Afrique. Aujourd’hui et depuis la crise pétrolière de 2015, ils subissent à nouveau un second ajustement de leurs finances publiques sous le contrôle du Fonds monétaire international (FMI).
Parallèlement, leurs régimes présidentiels « hybrides » sont contestés de l’intérieur : le spectre de la guerre civile des années 1990 pèse encore sur la vie publique au Congo, tandis que la succession dynastique au Gabon a conduit au blocage durable du dialogue national. Un nouveau cycle de démocratisation n’est encore qu’un scénario parmi d’autres, relativement peu probable dans la conjoncture actuelle en dépit de la montée du mécontentement social et de la crise économique dans les deux pays.
Remarque de la Coordination du Collectif #Sassoufit
Sur la Congo, l’auteur capte avec finesse l’essentiel de la situation. Toutefois, il manque par exemple l’importance comme facteur endogène de l’attentat du DC10 UTA en 1989. En effet, durant cet attentat, l’enfant du chef du syndicat unique avait trouvé la mort. Le syndicaliste pointa ensuite la responsabilité personnelle de Sassou NGUESSO et se mobilisa avec détermination pour obtenir sa chute dans le sillage de l’affaiblissement de l’URSS.
Pour résumer, il faut intégrer que les acteurs congolais poursuivent des buts politiques propres et pour les atteindre, ils intègrent les facteurs exogènes (URSS, Classe politique française, FMI etc.) comme support de leurs stratégies.
Ils sont acteurs de leur histoire.
À PROPOS DE FRANÇOIS GAULME
Chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Ifri, François Gaulme est anthropologue et historien de formation. Ancien rédacteur en chef de la revue Afrique contemporaine, il a enseigné en relations internationales sur les questions africaines à l’Institut d’études politiques et à l’Institut catholique de Paris ainsi qu’à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Il a également servi à l’Agence française de développement (AFD) et au ministère des Affaires étrangères en se spécialisant sur les situations de conflit et de fragilité des États. Il a notamment publié Le Gabon et son ombre (Paris, Karthala, 1988).