
Quand nous disions que tout sauvetage du Congo par le FMI ira directement à l’achat d’armes et à l’entretien du réseau de délation politico-militaire, nous étions plus que dans le vrai. La contrainte de publication du PLF (Projet de Loi de Finance) 2018 dans le cadre des négociations nous permet aujourd’hui d’avoir un instantané financier sur le massacre du pays. Le budget du Congo pour 2018 est arrêté à environ 2 milliards d’euros.
Alors que des “opposants du pouvoir” réclament dans un jeu macabre avec le dictateur des “vrais mesures d’austérités”, les chiffres du PLF2018 montrent un déséquilibre structurel des finances du pays. Les priorités sont la dette, odieuse depuis l’effacement lui même frauduleux de 2010, et l’armée.
Les raisons du sous-développement sont visibles dans les chiffres, voici notre morceau choisi :
UNE PRESSION FISCALE INSOUTENABLE
C’est le triste héritage du monopartisme stalinien. L’Etat congolais est structurellement contre l’initiative privée. C’est la grande cohérence d’un Etat totalitaire qui souhaite maintenir l’habitant dans une dépendance complète vis à vis du pouvoir politique. Cela s’exprime par une contribution des recettes fiscales pour 50% des recettes budgétaires en 2018. Dans cette contribution, la part des taxes et impôts intérieurs montent à 84% du total et les douanes pour le reste c’est à dire 16%. Aucune industrie locale ou diversification ne peut ainsi se développer car ce qui est produit localement est plus taxé que ce qui est importé.
Le Congo subissant le dumping social de la RDC et vivant principalement d’importation, cette pression fiscale est incompréhensible au regard des objectifs de diversification de la propagande. Il faut noter que dans ce mix, des 16% des douanes, la part captive de la SOCOTRAM de Willy NGUESSO sur l’ensemble des marchandises qui passent par le Port de Pointe-Noire à l’import comme à l’export.
Autre point significatif à noter, la part de 79% prise par les cotisations sociales dans les comptes spéciaux du Trésor. Les salaires qui sont ridiculement bas sont en plus sur-ponctionnés, ce qui explique la faiblesse chronique du pouvoir d’achat des Congolais.
LE MYSTÈRE DU BOIS ET DES MINES
Il est aberrant, pour un pays qui ne cesse de brader ses forêts et d’être épinglé pour dégradation environnementale du fait de l’exploitation de mines d’Or ou de Tantale, d’afficher 0% comme contributions de la redevance forestière et des recettes minières. Pourtant, récemment le pays clamait être désormais exportateur de fer grâce à Paul OBAMBI et son gisement miracle de fer de MAYOKO. Dans cette section autres recettes, la vente de cargaisons de Pétrole contribue pour 98% et les Bonus pétroliers 1%.
Le Congo apparaît comme un paradis pour les entreprises indélicates car les autres sections “sanctions pécuniaires” ou droits administratifs végètent autour de 0%.
Alors, soit l’ensemble des entreprises sont vertueuses, soit c’est l’illustration par les chiffres d’une absence complète d’inspection du travail et de l’environnement ; et de se rappeler que depuis le commencement de l’âge pétrolier du Congo, il n’y a jamais eu aucun audit sérieux du secteur.
La réalité est donc une contribution du Pétrole pour 99% des pseudo 48% restants des ressources budgétaires du pays. La virtualité des 50% des “ressources fiscales” (A.1 titre 1 dans le PLF2018) nous autorise à conclure que le budget du Congo dépend en réalité à 99% des ventes du pétrole.
UN MINISTÈRE DES FINANCES OBÈSE
Le Congo est donc la chose personnelle des entreprises du pétrole qui partagent la rente avec un chef de guerre et quelques complices, toutes origines et nationalités confondues. Pour assurer la perpétuité de ce système criminel, le chef de guerre ventile sa part avec une cohérence cynique qui mérite une mention “félicitations du Jury”.
Dans les détails de la ventilation intérieure de la part du Congo, le premier poste c’est le Ministère des finances et du budget pour 17,44% contre 0,37% pour l’économie et l’industrie. L’argument du poids de la dette pourrait être recevable, elle représente selon les chiffres 60% du budget du ministère mais en réalité, cela démontre la faible force de négociation du régime (dépendant à 99% d’une ressource) vis à vis de ses créanciers, à savoir les traders pétroliers, et dans une moindre mesure la Chine populaire. On pourrait se demander aussi combien coûte dans ce mix l’expertise de la Banque Lazard ou de Dominique Strauss KAHN. Les 40% restants cachent mal, avec des cases investissements, achats biens et services, le poids colossal de 16% que représentent les dépenses de personnel du ministère. Calixte GANONGO est à la tête d’un ministère pantagruélique et improductif.
L’ARMEMENT SEULE PRIORITÉ DU RÉGIME
Juste après le Ministère des finances, le deuxième poste du budget congolais est la Défense nationale pour 12% (1,82% pour le cas de la France) contre 4% pour l’enseignement supérieur. Une défense ostentatoirement tournée vers la guerre contre les populations civiles…
Les raisons du sous développement sont visibles dans les chiffres. Le Congo surinvestit dans l’armée avec un modèle de budget de type nord coréen.Toutefois, en dehors des milices tribales et des dépenses de police politique, le poids de la police est de 5% ; on ne peut pas parler d’une véritable politique de défense nationale.
En effet, le Congo n’a pas, malgré l’effort budgétaire considérable sur l’armée, développé une industrie de l’armement ou des capacités de défense et de maîtrise du territoire.
La résistance du Pasteur Ntumi a mis en échec durant 2 ans l’armada du régime aux portes de la capitale. Même cette politique du canon et de la transformation du pays en caserne est un échec. L’effort de 5% de police n’arrive pas à enrayer l’insécurité croissante dans les villes du pays.
Il est à noter l’implication du Congo dans le trafic d’armes en République Centrafricaine, les bombardement du Pool, la torture et viol systématique par les agents de la Force publique ce qui démontre un sous-investissement chronique dans la formation, l’inspection des polices et l’absence de justice militaire ou de justice tout simplement.
Ce budget de la défense congolais va donc exclusivement à l’achat de biens et services, renseignements, formations GIGN, mercenaires, matériels pour 65% et à l’engraissement des officiers tribaux pléthoriques pour 29%.
Les miettes sont pour les bidasses qui de toutes façons rançonnent les populations pour arrondir les fins de mois.
LA SANTÉ UN BUDGET EN TROMPE L’OEIL
La part du budget consacré à la santé en 2018 s’établit à 10%. Toutefois ce chiffre est trompeur : 6% vont dans les accords d’évacuations sanitaires des dignitaires du régime en France, au Maroc, en Inde ou en Afrique du Sud et 27% représentent la part d’investissement des CHU d’Asperbras (Scandale Route de l’Atlantique) entachée de corruption et de surfacturation.
Ainsi donc, si on retire Asperbras et les évacuations sanitaires, la part consacré à la santé tombe à 7% seulement.
ET LES MIETTES SIGNIFICATIVES
Notre analyse du PLF2018 montre par les chiffres l’absence complète d’une politique de l’habitat, de l’éducation, de l’économie, de la culture, de l’eau etc.
Il est toutefois significatif de noter quelques pourcentages :
- L’alphabétisation et l’école primaire représentent 9%
- La culture et les arts 0,24%
- Le sport 1%
- La recherche 0,29%
- La fonction publique 1,63%
- La jeunesse 0,39%
- Agriculture, pêche et élevage 2%
- etc.
Il est à noter aussi la persistance d’un ministère du Plan, la multiplication des institutions de conseils (de la femme, de la jeunesse, des notables etc.) et des redondances comme l’existence d’un ministère en charge du transport et d’une super agence – ministère en charge des routes et de l’entretien routier.
Le meilleur pour la fin, l’institution présidence de la République pèse pour 3,74% contre 1,65% pour la Justice.