Bruno Le Maire se rendra à Brazzaville le prochain vendredi 13

Lula l’ex-président du Brésil, Park Geun Hye l’ex-présidente de Corée du Sud, ont été incarcérés pour des faits reconnus de corruption. La presse italienne, en écho au Parquet de Milan, multiplie les révélations sur les soupçons de pratiques criminelles de l’opérateur pétrolier ENI au Congo Brazzaville, au côté du dictateur Denis Sassou Nguesso qui règne en main de maître sur la descente aux enfers de son pays depuis une quarantaine d’années. Alors l’annonce d’un prochain séjour du ministre Bruno Le Maire à Brazzaville, un très haut lieu de la corruption sous toutes ses formes, ne peut apparaître que comme déplacée…

Paris le 10 avril 2018 – Rigobert Ossebi & la Coordination du Collectif Sassoufit 

Déjà la précédente rencontre du ministre français des finances avec ce chef de gang mafieux plus que d’Etat, le 13 décembre dernier à Paris, avait été remarquée sous le signe de l’indignité, tant elle apparaissait inopportune au regard de la situation tyrannique qui prévaut toujours à Brazzaville.  Certes, le prétexte de la Réunion des ministres des finances de la zone franc dans la capitale congolaise fait apparaître cette visite comme légitime ; mais au royaume des Nguesso rien ne saurait être innocent.

Ce court séjour de Bruno Le Maire collera avec la mission du FMI qui se terminera le 18 avril prochain et il se pourrait que tout échange à ce niveau sera perçu comme un coup de pouce décisif. Déjà, la lettre du 4 avril dernier adressée à Madame Christine Lagarde a été une sérieuse mise en garde sur les conditions réelles d’inéligibilité du Congo de Denis Sassou Nguesso, multirécidiviste patenté des crimes économiques en tous genres ; sans oublier ceux contre l’humanité qui ont été perpétrés ! Aussi ce document appelait-il le Fonds Monétaire International et sa General Manager à un “Plan de Sauvetage Éthique” qui serait respectueux des attentes démocratiques des populations congolaises et d’imposer des conditions préalables à toute assistance :

  • Arrêt de toutes les opérations répressives sur l’ensemble du territoire congolais.
  • Libération sans conditions des prisonniers politiques et d’opinion.
  • Ouverture d’une transition qui aura la lourde tâche d’appliquer le PAS

En dehors du respect strict de cette conditionnalité, tout concours apporté apparaîtra comme une complicité aux activités criminelles du pouvoir en place à Brazzaville. Partout dans le monde le fléau de la corruption est combattu par les Etats réellement avancés. Il serait absolument indécent que Monsieur Bruno Le Maire envoie tout signal contraire. ENI n’est pas le seul opérateur pétrolier à être dans le viseur de la justice et le Parquet de Milan n’est pas le seul à s’être impliqué dans le combat des crimes financiers des autorités congolaises et de leurs complices. La Suisse et le Portugal sont déjà très actifs, la justice française s’est également “mise en marche” dans ce sens, sûrement indépendamment de Bercy et plus encore du Quai d’Orsay…

L’Institution de Washington n’échappe pas à la nécessité de nettoyage profond de ses équipes, notamment celles impliquées dans l’attribution indue et frauduleuse du Programme PPTE à la République du Congo en 2010 avec de graves soupçons de corruption.

Pour l’ex-président brésilien, c’est un appartement luxueux qui a été à l’origine de son inculpation et de son emprisonnement ; pour l’ex-présidente coréenne, il s’est agi de quelques millions de dollars qui ont justifié une condamnation à une peine de 24 années de prison. Au Congo Brazzaville, le milliard dollars est l’unité de vol ou de détournement pour le clan familial qui s’est imposé au Congo grâce à ses relais politiques et pétroliers françafricains. Grâce aux mêmes, le gang des Nguesso, lorsque seront connus tous ses méfaits, figurera en tête du Guinness Book des records. Responsables de trois faillites criminelles plus que frauduleuses, ces champions des aides illégitimes et des crédits qu’ils ne rembourseront jamais, ont toujours maintenu le Congo Brazzaville au rang de pays le plus endetté au monde par tête d’habitant. De plus, il apparaît que la situation financière catastrophique du Congo, héritée du premier règne (1979-1992) de Sassou Nguesso, avait été, en partie, la cause de la première dévaluation du FCFA en 1994.

Michel Sapin, le précédent locataire de Bercy, en raccompagnant en septembre 2016 Clément Mouamba, l’avait assuré qu’il allait l’aider à contourner “les petites réticences” du FMI à lui apporter un nouveau soutien financier. Que nenni ! La mobilisation de la société civile congolaise et de ses amis a réussi à contrer la douteuse initiative du compagnon de régiment de François Hollande : le parrain de l’ignoble modification de la constitution congolaise de 2015.

Nul doute que Bruno Le Maire a déjà appris à en tenir compte. Les précautions qui avaient été prises pour que rien ne filtre de la réunion, finalement acceptée avec l’infréquentable dictateur congolais, nous rassurent un peu. Sa présence à Brazzaville va accentuer l’intérêt des grandes ONG internationales qui luttent contre la corruption et qui travaillent intensivement maintenant sur les dossiers congolais. Aussi, quelle sera la revanche de Sassou Nguesso pour les conditions indignes qui lui avaient été imposées à Paris pour rencontrer un ministre en lieu et place du méprisant Jupiter…?

Certes l’usurpateur congolais s’est toujours vanté de “tenir”, grâce “au petit cahier à spirales” De Villepin, ministre des affaires étrangères et Premier ministre de Jacques Chirac ; cela avait pu être utile pour libérer en pleine nuit de week-end d’avril 2004 le général Jean-François Ndengué de sa cellule de la Santé, mais quelle pression réellement efficace pourrait influencer son ami et ex-collaborateur Bruno Le Maire ? Vraisemblablement aucune…!

Le FMI a été averti de toutes les procédures en cours contre ENI en Italie, pour de gravissimes soupçons de corruption. TOTAL n’est pas en reste avec un article publié ce-jour dans le journal Le Monde : “Comment le groupe Total a aidé le Congo à berner le FMI”; en attendant que la justice française rejoigne les parquets de Milan, de Berne et de Lisbonne dans les affaires de corruption dont elles se sont emparées.

Pour certains, le Vendredi 13 porte bonheur ; pour d’autres c’est tout le contraire. A notre humble avis, le ministre Bruno Le Maire devrait se porter malade et laisser cette galère à un remplaçant… De plus, avec tous ces mouvements sociaux en France, ce n’est vraiment pas le moment de se rendre chez un corrupteur notoire !

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