RAPPORT 2022 : QUAND L’UNION EUROPÉENNE FINANCE UNE POLICE CRIMINELLE DIRIGÉE PAR UN GÉNÉRAL RECHERCHÉ POUR CRIME CONTRE L’HUMANITÉ

Paris-Dijon-Washington-Brazzaville, 28 janvier 2022 – La coordination — Quand la représentation de l’Union européenne en République du Congo annonce donnée 5 millions € pour améliorer le fonctionnement de la police congolaise, elle le fait en compagnie de Denis Christel Sassou Nguesso et de l’ambassadeur de France, François Barateau. Pourtant, notre rapport Assets Abound a démontré que la valeur des biens mal acquis à Dubaï et en Floride des deux femmes du ministre Christel Nguesso sont largement supérieurs à ce montant de coopération ridicule. De plus, les révélations des #PandoraPapers montrent que le président Denis Sassou Nguesso aurait détourné un pactole de 150 millions € par an de 1998 à 2018 via la société Escom.

“Escom, la société du Président Sassou Nguesso, est tristement célèbre au Congo pour avoir été à l’origine de l’explosion du 4 mars 2012 à cause d’un mauvais entreposage d’explosifs. ” déclare Andréa Ngombet, Directeur de la Stratégie de l’organisation. Il ajoute “Tout cela pour souligner que si l’Union européenne était sérieuse dans sa volonté d’améliorer le fonctionnement de la police congolaise, elle ne le ferait pas en présence de Denis Christel Sassou Nguesso, une personne poursuivie pour fraude, blanchiment aux Etats-Unis et sous enquête pour détournement aggravé dans l’espace Schengen.“

Que souhaite donc “améliorer” l’Union européenne ? Les exécutions extrajudiciaires de jeunes hommes à bout touchant ? Les tortures avec marteau made in EU comme l’affectionne la police congolaise ? À l’approche du sommet UE / UA, le Collectif Sassoufit a mis en exergue la méthodologie de la police dirigée par le général Jean François Ndengué, recherché pour crime contre l’humanité par la justice française et récipendiaire de l’argent de la coopération européenne. 

Au Congo, le meurtre est la méthode de résolution des enquêtes. Doukoro G. Hyppolite, 47 ans, Mondzola E. Arnaud, 32 ans, Eleck Brandon, 26 ans, Loubaki G. Rolvie, 35 ans et deux autres jeunes hommes assassinés autour du 5 novembre 2021 au commissariat central de Brazzaville en sont un exemple récent. Dans une autre exécution sommaire au collège Don Bosco où un certain policier “Bolo” avait abattu d’une balle de Kalachnikov dans le cœur un élève et blessé deux autres lors d’une opération de police, le commissaire, qui a refusé de rencontrer la mère d’une des victimes a affirmé que : « Même France quand on poursuit les taureaux il y a des balles perdues. » Ce qui prouve a suffisance que la jeunesse congolaise n’a pour eux, pas plus de valeur que du bétail pour corrida.

On pourrait croire que le calvaire des victimes s’arrête avec la mort, il n’en est rien. Dans un zèle criminel, la police interdit aux familles d’organiser les obsèques et n’hésite pas à user de la violence pour disperser les veillées funéraires : « les bandits n’ont pas droit aux obsèques ». Les abus policiers dominent ce rapport 2022. La violence fait système et s’est enracinée profondément. L’appareil judiciaire n’est pas en reste. Il est lui aussi instrumentalisé pour écarter les personnalités gênantes comme avec les détentions préventives abusives du Docteur Ibacka Dzabana et de l’activiste Chryst Dongui. 

Au Congo, la détention est la règle et la liberté, l’exception, comme l’a de nouveau expérimenté le prisonnier politique Jean Marie Michel Mokoko, reconduit en cellule alors même qu’il était toujours en convalescence à l’Hôpital Militaire. Pour le coordinateur du Collectif Sassoufit, Marcus Kissa, le régime de Brazzaville complétement radicalisé vise par cette décision à faire subir au Général Mokoko le même sort funeste que celui du Colonel Marcel Ntsourou, décédé en prison en février 2017.

Enfin, la justice a été aussi incapable de dire le droit lors de l’élection présidentielle de mars 2021 qui aurait dû être reportée en application de l’article 70 de la constitution suite au décès avant le premier tour du candidat Guy Brice Parfait Kolélas. Dans la perspective des législatives et locales en juillet prochain, la violence politique risque de s’inviter de nouveau:

“Les législatives et les locales de juillet 2022, présentent un risque de violences accrues notamment pour la circonscription du défunt Guy Brice Parfait Kolélas à Kinkala. Rien ou presque ne semble pouvoir modérer la brutalité extrême du régime.” – Marcus Kissa, coordinateur du Collectif Sassoufit

On emprisonne sans motif, on libère autant arbitrairement. La liberté d’expression est une vue de l’esprit et celle de la presse, une chimère, un rêve lointain. Véritable dinosaure du monopartisme congolais, le patron du conseil supérieur de la liberté de la communication, Philippe Mvouo a confié au micro d’une web TV locale sa conception rétrograde du rôle des médias : auxiliaire de la propagande du régime. 

Depuis maintenant plus de 8 ans, le Collectif Sassoufit milite ardemment contre tous les prétendus élus du peuple congolais qui, avec l’aide d’une police criminelle et une justice politisée, ont fait main basse sur l’ensemble des ressources naturelles du Congo et pris en otage, une population démunie et abandonnée par les institutions internationales. Avec ce nouveau rapport annuel, il poursuit son œuvre de sensibilisation et de mobilisation citoyenne pour l’État de Droit et la Démocratie.

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